Domina.nt, Maître.sse, un rôle qui en fait fantasmer plus d’un.e, sans parfois envisager l’envers du décor. Des mots parfois (souvent) utilisés à la légère sans bien comprendre le sens de tout ce qui en découle.
Si V/votre BDSM est uniquement un moyen de pimenter votre vie sexuelle, sans V/vous interroger sur le monde et la culture qui entoure ces pratiques, je comprendrai tout à fait que pour V/vous, le rôle du/de la Dom soit uniquement à des fins érotiques loin de l’ensemble des choses qu’une relation BDSM peut demander à une personne Dominante. Et si c’est V/votre trip et que ça V/vous rend heureux.euse, c’est complétement ok !
Ce rôle est aussi parfois revêtu, dans l’espoir de pouvoir avoir une vie sexuelle un peu plus riche que celle des personnes vanilles. Parce que, c’est bien connu, les personnes soumises sont des pauvres petites choses qui attendent docilement qu’un grand et beau Dominant viennent leur scander tout un tas d’ordre débile à la manière d’un enfant gâtée puis les ba*ser sauvagement. Et ça, c’est franchement moins ok !
Être un Dominant demande un tas de qualité, une constante remise en question et surtout une grande capacité à prendre soin. Aujourd’hui, j’avais envie de parler de tout ça, pour démystifier le rôle et faire tomber quelques clichés.
L’article qui suit est bien entendu basé sur mon point de vue, ma vision du BDSM et mon cheminement.
Se définir et laisser l’autre nous définir.
Lorsque je suis arrivé sur les réseaux sociaux BDSM, je me définissais comme « rigger » (gréeur). Celui qui s’occupe du gréement et du matériel d’amarrage ou de levage. Bref un gars qui joue avec des cordes😋, car c’était dans un premier temps, la partie qui me parlait le plus.
J’ai eu plusieurs soumises, plus ou moins longtemps, avant de rencontrer Les_ah. Ces relations m’ont fait évoluer sur des pratiques plus vastes. Et jusqu’alors, malgré mes différentes expériences, je ne me voyais à aucun moment afficher « Maître » sur mon profil, je n’avais aucune légitimité pour ça.
Elle m’a d’abord appelé « Wann », quand nous étions amis. Avant de m’appeler « Monsieur », quand nous avons commencé à jouer ensemble. Puis elle m’a donné sa soumission, à ce moment je suis devenu son « Dominant », ensuite, avec le temps et la confiance, son « Maître ». C’est elle qui m’a donné les « titres » qui vont avec mes fonctions à ses côtés.
C’est à la personne soumise de donner ces titres et à personne d’autres. Il faut bien garder en tête que, sans la personne soumise, on est juste une personne comme les autres, qui cherche quelqu’un pour assouvir ses envies (bref comme les vanilles😉).
Donc les types qui, à peine arrivé dans l’univers du BDSM, se cherchent un pseudo qui commence par « Maître », sont pour moi, bien loin de la bonne voie. Par contre se définir comme Dominant, il n’y a rien de mal à cela, c’est juste « affirmer » une manière d’être et/ou des penchants, de la même manière que certains se définissent comme primal.
Démystifier ce rôle.
Être un Dominant demande donc selon N/nous plusieurs qualités. Et surprise, avoir une sensibilité et beaucoup d’empathie font complètement partie du package !
Exit la personne Dominante ultra froide, scandant des ordres et se préoccupant juste de son propre intérêt et de son bien-être !
Welcome la personne Dominante qui sait être à l’écoute, prendre les bonnes décisions pour les deux parties et qui sait se remettre en question.
Bref vous l’aurez compris, la plupart des “héros” de fiction en lien avec le BDSM ne sont pas vraiment raccord avec ce qu’une personne soumise peut attendre d’une personne Dominante dans la réalité. Et j’irais même plus loin si on suivait ce cliché, la relation serait probablement destructrice pour la personne soumise.
Donc si vous aspirez à devenir la personne Dominante de quelqu’un et par la suite devenir à ses yeux son Maître ou sa Maîtresse, autorisez-vous à être vous-même. Avec votre sensibilité, vos failles et surtout prenez soin de la personne qui vous accorde sa confiance !
Comment mériter ces « titres » ?
Oui, être appelé Maître, Maîtresse etc… ça se mérite, ce n’est pas un dû.
Je n’ai pas de recettes miracles. Mais en nourrissant cette discussion avec des soumis.es et Domina.nts, il y a plusieurs choses pour moi, qui constituent les qualités essentielles pour accompagner au mieux la personne soumise.
Savoir se contrôler soi-même :
Comment contrôler quelqu’un ou jouer avec des pratiques qui parfois sont dangereuses si on ne se maîtrise pas?
Être honnête, même si ça peut faire mal :
L’honnêteté est très importante pour instaurer la confiance, que ce soit sur les petites choses quotidiennes ou sur votre expérience.
Être ouvert aux dialogues :
Point crucial qui se recoupe avec le précèdent et qui est valable finalement dans n’importe quel couple, BDSM ou vanille. Encore plus dans le BDSM, je pense. Il faut être honnête et tout dire, ce qui va, comme ce qui ne va pas. Mais aussi dialoguer pour construire la confiance que le Dominant à avec sa soumise et plus globalement la relation.
Donner de l’attention :
Que ce soit une relation à distance ou pas, ne vous embarquez pas dans une relation BDSM si vous n’avez pas de temps à accorder à votre soumis.e. Un.e soumis.e ça ne se laisse pas sans nouvelle, un.e soumis.e à besoin d’attention pas seulement dans le jeu. Vous devez savoir comment se passe la vie de votre soumis.e être là pour elle / lui sur tous les plans de sa vie, pas uniquement dans l’acte BDSM.
De l’écoute :
Que ce soit en séance ou dans la vie, être attentif au moindre signe, à la petite parole innocente ou au langage corporel. Souvent les soumis.es n’osent pas dire des choses de peur de décevoir ou de perdre leur Maître.sse, à vous de décrypter et aussi d’instaurer le climat de confiance qui permettra de désamorcer ces peurs.
Être dur mais juste :
Dur parce que chaque faute permet de jouer et que c’est également votre rôle de fixer des limites, éduquer, façonner. Mais juste, car une punition non méritée, injuste ou disproportionnée par rapport à la faute va plus vous décrédibiliser qu’autre chose.
Faire ce que l’on dit :
Si vous promettez une punition au paddle et que vous donnez une fessée (ou l’inverse), vous passez juste pour un clown. Pas obligatoirement tout de suite mais petit à petit… Et ça ne vaut pas que pour les punitions, quand on dit quelque chose à quelqu’un, on honore sa parole, c’est du respect mais ça montre aussi que vous êtes quelqu’un de confiance et de fiable.
Être humble :
Un.e Dom qui aborde un.e soumis.e qu’il aimerait sien.ne, ne peut pas donner des ordres tout de suite sans passer pour un bouffon. Un.e Dom qui fanfaronne un peu trop, peut rapidement perdre toute crédibilité, ayez confiance en vous, mais inutile d’en faire des tonnes ! N’oublions pas que nous ne sommes, ni plus ni moins, qu’un être humain face à un autre être humain !
Et pour finir, un soupçon de méfiance :
Pour protéger votre soumis.e, même un ami peut en trahir un autre. Donc ne jamais faire totalement confiance aux gens qui vous entourent. Évitez de laisser votre soumis.e dans les mains d’un.e autre sans être là. Ou de la laisser lors d’une soirée sans le/la surveiller lorsqu’il/elle est attaché.e ou dans l’incapacité de se défendre ou de se protéger.
Des droits et des devoirs dans les deux camps
Ce n’est pas parce qu’on pratique le BDSM, que tout est plus facile, que tout est dû pour la personne Dominante. Le cliché de la personne soumise qui va tout faire et la personne Dominante qui va se la couler douce n’est qu’une illusion.
La personne Dominante a des obligations (des devoirs), il/elle doit prendre soin de son/sa soumis.e, la protéger, la faire grandir, la guider, l’aider (dans ses choix, dans sa vie (et j’ai bien dit « aider », pas décider à sa place) ).
La personne soumise est une pierre brute, la personne Dominante est là pour la polir pour en faire une pierre précieuse (phrase un peu clichée, mais tellement vraie).
Bref, ce n’est pas simple d’être un Dominant, il faut faire attention à tout, tout le temps, être « droit dans ses bottes ». Mais également être vigilant lors des pratiques car nous n’avons pas le droit à l’erreur au risque de blesser son/sa soumis.e.
La personne Dominante doit également, en mon sens, tout faire pour l’épanouissement de son/sa soumis.e, le tout sans se perdre ni perdre ses valeurs.
La personne soumise se donne corps et âme, les deux sont fragiles et ne doivent pas être abîmés (ou pas trop, on peut faire une rayure ou deux sur la soum (joke)😋).
Si vous souhaitez en savoir plus sur les droits et devoirs du/de la Domina.nt et du/de la soumis.e , rendez-vous sur notre live à ce sujet.
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[…] on est une personne Dominante, il y a énormément de choses à faire comme nous avons pu le voir sur l’article à ce sujet. Les responsabilités, les obligations, vont de paire avec le fait d’avoir endossé la […]