N/notre vision du BDSM

La notion de plaisir dans le BDSM

La notion de plaisir est propre à chacun et au-delà de ce constat qui soyons clair est facile et peut être valable autant dans un monde vanille que dans le monde BDSM, j’ajouterai une notion un peu plus complexe la notion du plaisir chez une même personne peut varier d’un jour à l’autre sur une même pratique. Cet article se veut presque déculpabilisant et s’adresse plutôt aux soumis.es mais pourrait facilement être transposable aux Domina.nts. Cet article est né du fruit d’une réflexion personnelle au cours du cheminement lié à ma soumission.

Déculpabilisant pourquoi ? Car parfois on se retrouve face à une pratique qu’on adore et qui ce jour-là ne nous donne pas de plaisir. Parce qu’une pratique donnée à l’excès peut aussi retirer cette notion. Parce qu’en fonction du cadre dans lequel la pratique est faite, on ne le ressent pas du tout de la même manière. Parce que parfois on se pose des questions du type « pourquoi je prends plaisir à ceci et à cela » « est ce que j’aime vraiment ça » et que c’est plutôt sain en fait de se poser ce genre de questions !

Le plaisir est un vaste sujet en BDSM, que ce soit en termes de « jouissance », de maîtrise de celui-ci, de l’autorisation d’en prendre ou pas pour le/la soumis.e.

Dans cet article on vous propose un passage en revue de la notion de plaisir selon différents spectres et bien entendu toujours selon notre point de vue.

Gestion et contrôle du plaisir

En BDSM il est courant que le/la Domina.nt contrôle le plaisir de son/sa soumis.e, que ce soit en l’empêchant de se masturber ou encore en lui donnant ou pas l’autorisation de jouir pendant des actes sexuels ou non.

Cette pratique peut être extrêmement excitante, pour plusieurs raisons, donner le contrôle de son plaisir à l’autre, devoir « demander l’autorisation » ce qui parfois peut être très humiliant mais aussi apprendre à retarder et contrôler son plaisir.

Une chose est sûre apprendre à maîtriser son plaisir n’est pas simple, il faut d’abord sentir l’orgasme venir pour pouvoir le contrôler et ensuite être capable de libérer quand votre Domina.nt le décide. Quelque part c’est un savant mélange de contrôle et de lâcher prise, car en « maitrisant » cette technique vous ouvrez aussi l’accès aux orgasmes multiples par exemple.

La frustration fait également partie de la gestion et du contrôle du plaisir, savamment utilisée, cette pratique peut faire monter l’envie et permet de faire pleins de jeux par la suite mais également donner une jouissance hors norme lors de la libération.

Mais attention ces pratiques liées à la gestion et au contrôle du plaisir peuvent aussi « abimer » la personne.

Je m’explique, je suis une personne ayant un appétit sexuel assez, voire très développé, mes anciens Dom ont eu tendance à me frustrer au point de ne plus du tout avoir le droit de jouir, ni de me masturber, j’étais incapable de me donner ou de ressentir du plaisir même après la fin de ces relations. Quand Mon Maître m’a récupéré, j’étais sur ce point complétement anéantie, je ne concevais plus avoir du plaisir, je n’arrivais plus à en prendre ou à m’en donner, tout ce qui comptai pour moi était de donner du plaisir à mon Dominant car on m’avait « inculqué » qu’il était indigne pour une soumise d’avoir du plaisir, que cela appartenait uniquement au Maître. Ce fut un long cheminement au côté de Mon Maître pour me réapproprier mon plaisir et ensuite pouvoir rejouer de manière safe et saine avec cette notion de contrôle.

Autre point à aborder, les orgasmes forcés ou multiples orgasmes forcés, avec un wand par exemple, la femme peut avoir plusieurs orgasmes. C’est super, vous allez me dire, mais lorsque ces orgasmes s’enchainent les uns après les autres et qu’on en voit pas le bout, la sensation devient compliquée voir pénible jusqu’à quasiment insupportable. Quand une surdose de plaisir devient douleur. Pour autant, on peut ressentir par la suite un vrai sentiment de plénitude mais attention de ne pas en abuser le risque est double, on risque d’en devenir vite accro et d’en demander toujours plus ou d’en être dégouter et perdre les sensations liées à l’orgasme.

Plaisir psychologique

Il est selon moi possible de prendre et de ressentir du plaisir uniquement de manière psychologique. Au point d’avoir les mêmes sensations que l’orgasme lié à un rapport sexuel.

Je vois déjà les sceptiques dire des « non mais n’importe quoi » et je vous avoue qu’avant d’y avoir goûté j’aurai probablement répondu la même chose !

Il est commun de penser que la part psychologique dans nos pratiques permet de faire monter, le plaisir, l’envie, l’excitation et c’est en effet le cas. Mais pour aller plus loin, il est possible de travailler un conditionnement à la manière de pavlov. Ce conditionnement prend bien entendu du temps à être mis en place mais permet par la suite de « donner des orgasmes sur commande ». En termes de sensation tout y est (du moins du côté féminin, nous ne savons pas comment cela peut se traduire sur les soumis), l’endorphine, le vagin qui se contracte etc… seule différence, l’effet est moindre, c’est à dire qu’en terme de ressenti l’orgasme est moins gros. Pour autant, c’est un réel plaisir de se sentir à ce point contrôlé et conditionné, si tant est qu’on aime cela bien sûr !

L’aspect plaisir et psychologie trouve également sa place dans l’humiliation que nous traiterons un peu plus loin.

Masochisme quand la douleur devient plaisir

Douleur et plaisir activent les mêmes systèmes neuronaux du cerveau. Pour schématiser c’est un peu comme être un sportif qui pousse le corps à bout, si vous avez déjà vécu un effort comme courir un semi ou un marathon, les endorphines et la sensation de bonheur/plénitude que l’on ressent à la fin de la course, sont pour moi, très similaire aux sensations que j’ai après une séance SM. Le plaisir, pour moi, repose aussi sur un cadre posé, je ne prendrai pas de plaisir dans la douleur si on n’est pas dans une érotisation de l’acte, ou autrement dit, je ne vais pas prendre de plaisir en me tapant le petit doigt de pied dans un meuble !

Nous ne sommes pas tous doter de cette capacité à ressentir la douleur comme un plaisir et si ce n’est pas le cas, pas d’affolement ! Vous pouvez pratiquer le BDSM sans pour autant vouloir absolument jouer sur la douleur physique, les pratiques psychologiques telles que l’humiliation, la discipline ou encore les pratiques liées à la contrainte vous offre un bel éventail pour vos jeux !

Plaisir et punition

Lors de notre article sur les punitions Mon Maître faisait l’analogie suivante : pour une maso, la punition par l’impact est comme punir un enfant en lui donnant des sucreries.

Alors qu’en est-il réellement de l’autre côté ? En effet, ces punitions n’ont pas un grand intérêt pour me réprimander dans le sens où ce n’est pas celle que je retiendrai le mieux. Bien que pousser à l’extrême, quelques-unes me restent en mémoire.

Est-il donc possible de prendre du plaisir pendant une punition ? Bien sûr que oui… la seule chose qui chez moi diffère, est que lorsque je reçois une punition pour raison X ou Y, j’ai une réelle culpabilité qui fait que je ne vis pas le moment de la même façon. S’il s’agit d’impact, je vais psychologiquement moins bien supporter le moment, s’il s’agit d’humiliation, la punition va m’exciter et là c’est une certaine forme de plaisir mais je ne m’autorise pas à jouir pendant une punition parce que ce n’est pas le cadre. Il faut également faire le distingo entre le fantasme de la punition, qui là peu emmener du plaisir et de la jouissance, et la punition réelle dans le cadre d’une relation D/s où on a fait un réel manquement. Après notons aussi que nous ne sommes pas des tortionnaires, lorsque Mon Maître me punit pour une « petite faute » et, dans ce cas, c’est souvent de l’impact, il a conscience tout autant que moi que nous prenons plaisir dans cet acte.

Plaisir et humiliation

Le plaisir dans l’humiliation est un mécanisme assez étrange et je pense que nous pouvons prendre plaisir dans ce genre de pratiques uniquement sous plusieurs conditions :

  • Je suis assez « narcissisé » pour prendre du recul face à ce type de pratique et donc que ça ne me touche pas personnellement.
  • J’ai confiance en moi, donc ça ne va pas jouer sur l’estime que j’ai de moi
  • J’ai confiance en Mon Maître et je sais que c’est fait dans un cadre de jeu pour notre plaisir commun, l’humiliation n’interviendra pas hors cadre.

Il n’est, en tout cas pour ma part, pas rare de jouir grâce à des insultes, des phrases me rappelant mes vices ou des actions humiliantes que Mon Maître me demande. Pour autant sans parler de jouir, l’humiliation peut complétement être excitante.

Il faut sortir du principe que « c’est mal d’aimer ça », alors oui ça peut paraître bizarre, mais typiquement pour ma part, mes fantasmes BDSM plus jeunes étaient totalement liés à ça. Le cheminement pour l’accepter peut-être assez long mais une fois ce périple accompli, les sensations sont intéressantes, différentes et le champ des possibles s’ouvre.

Déculpabiliser

Vous ne prenez pas de plaisir dans la même chose que tout le monde et ce n’est pas grave ! A chacun ses kinks et ses non kinks ! Il n’y a pas mieux ou moins bien ! Vous vous trouvez « bizarre » de prendre du plaisir dans telle ou telle chose ? Il existe probablement des gens comme vous, voir plus « bizarre » que vous ! Le tout réside dans l’acception de ce que l’on est mais aussi dans le fait de trouver le bon partenaire pour le partager. En tout cas n’ayez pas honte (ou alors juste assez pour que ce soit humiliant et ça vous donne plaisir^^), sortez de ces idées préconçus, il n’y a pas de normalité, trouvez juste ce que vous aimez et ce qui vous donne du plaisir.

Et parfois, le plaisir n’est pourtant pas là

Et bien oui, parfois on a des jours de « moins bien », j’aime les pratiques avec de la douleur et pour autant il y a des jours où je ne les supporte pas, où on ne peut pas aller au bout de ce qu’avait prévu Mon Maître. La fatigue, un mauvais mood, il y a tant de raisons qui font que parfois ça ne passe pas ! Et là, la personne Dominante à un rôle à jouer car il va falloir réconforter et déculpabiliser la personne soumise, qui à ce moment, va souvent se sentir en échec.

Une même pratique souvent répétée peut également faire, qu’à un moment, elle ne donne plus de plaisir ou pire vous donne certains blocages ! C’est un peu comme manger le même plat tous les jours au début c’est cool et après ça devient lassant ou écœurant.

Bref au couple D/s de trouver son rythme et ses notions de plaisir propres à chacun des partenaires. Au couple, également, de déculpabiliser que ce soit par rapport aux différents Kink, mais aussi au fait qu’on n’est pas toujours apte à prendre ou donner du plaisir.

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