Ce nouvel article est un exercice périlleux, essayer de poser des mots sur des décennies de culture et transmission orales. Encore une fois, nous allons baser cela selon notre vision et notre vécu. Et avant tout, nous pensons qu’il est important de rappeler certaines choses :
Qu’est ce qu’un protocole ?
Selon la définition, le protocole est un recueil de règles à observer en matière d’étiquettes, dans les relations officielles.
C’est à dire ce sont un ensemble de règles qui vont régir la manière de fonctionner des personnes les unes envers les autres.
Pour moi dans le BDSM il faut distinguer deux choses :
Le protocole qui va vous permettre d’interagir avec les membres de la communauté.
Le protocole interne à la relation, qui va régir une relation D/s mais sera applicable uniquement dans votre relation. Ce qui sous-entend que vous ne pouvez pas attendre des autres qu’ils suivent ces règles.
Qu’est ce que le folklore ?
C’est un ensemble de traditions, d’uses et coutumes, d’un peuple, d’une communauté.
On y trouve les croyances, les rites, les contes, les légendes etc… Et on parle bien souvent de transmission orale dans le folklore.
Peut-on alors vraiment parler de protocole et folklores BDSM ?
En réalité, il n’existe pas un protocole universel dans le BDSM, plutôt des choses qui se sont installées avec le temps ! C’est pour cela que vous ne trouverez jamais de document écrit, en mode les grandes règles du BDSM. Bien que certains s’y sont essayés et que ça tourne vite dans un délire sectaire et un peu flippant.
Par contre, il y a des usages et coutumes, des choses qui se sont installées, qui font qu’on peut se sentir ou non dans cette communauté. Il y a également des choses à savoir pour interagir virtuellement avec la communauté, mais finalement, il s’agit plus de bon sens et d’éducation. Il y a également quelques règles d’usages de comportement à adopter en soirée.
Enfin bref, nous voilà partie comme des aventuriers, à essayer de vous définir tout ça, exercice épineux car très subjectif… Alors à vous d’en prendre et d’en laisser, de voir ce qui est intéressant pour vous ou pas. En tout cas, il est important de ne pas prendre cet article comme une espèce de bible BDSM mais plutôt comme un listing de choses que nous avons pu vivre / observer, qu’on nous a transmis durant notre pérégrination dans l’univers BDSM.
Pour notre part, « les folklores » ont une certaine importance car c’est un moyen de perpétuer des traditions comme dans toute culture. Pour autant nous ne nous définissons absolument pas comme des personnes protocolaires. Et respecter le “protocole” à la lettre ne fait pas de vous quelqu’un de mieux ou de moins bien dans l’univers. C’est un peu comme dans toutes cultures, il y a différents courants, auquel on adhère plus ou moins.
Interagir virtuellement avec la communauté BDSM et plus globalement à l’écrit, bonnes pratiques et folklores.
Le virtuel représente pour beaucoup la première porte d’entrée dans l’univers BDSM. Entre bonne manière et folklore, pour être « bien vue », il y a certaines règles d’usages à mettre en place. Et finalement, vous allez voir, il n’y a rien de sorcier et je dirais même qu’il est juste question de bon sens et d’éducation !
Généralité
De manière générale (et ce comme dans la vie !) il est de bon ton de commencer une discussion, avec des personnes que vous ne connaissez pas, par un bonjour et le vouvoiement. Ah ben oui ce n’est pas ouf comme conseil mais on vous avait prévenu, il s’agit avant tout de bonne manière !
Il est également intéressant, pour ne pas commettre d’impair, de consulter le profil de la personne en amont afin de connaître sa condition (Domina.nt/Soumis.e, déjà engagé ou non). Sa recherche (s’il y en a une) et son univers. Ainsi on évite de commencer sa discussion par un « Slt ça va ?! » (Par pitié ne faites JAMAIS ça !). Et puis, normalement si vous avez lu le point un, vous avez tout de suite capté le manque de savoir vivre !
Bref vous pourrez commencer la conversation en expliquant votre démarche (pourquoi vous venez discuter. Et en utilisant les bons pronoms, etc… Là encore, conseil de qualités ;D , vous noterez que finalement, ce n’est pas sorcier, juste du bon sens !
On évite d’utiliser le langage texto et trop familier quand on ne connaît pas le/la/les personnes.
Discuter avec un.e soumis.e
Tout d’abord, il me paraît utile de préciser que les soumis.es sont avant tout des êtres humains comme les autres et qu’ils méritent donc le respect au même titre que tout un chacun, donc :
On ne s’adresse pas à un.e soumis.e qui ne vous appartient par en commençant tout de suite à la fustiger de nom improbables (chienne, salope, esclave et j’en passe ! ).
En terme de “protocole” il est commun que les Dom tutoient dès le départ les personnes soumises. Typiquement pour ma part, quand ça se passe, ça ne me dérange pas. Ça fait partie du folklore. Pour autant, il est de plus en plus commun d’utiliser le vouvoiement jusqu’à ce que la personne soit ok pour que vous la tutoyez.
Globalement, comportez-vous de manière courtoise et polie, c’est le meilleur moyen de faire connaissance de manière sereine ! Et bien entendu, inutile de forcer la main à la personne si elle ne souhaite pas discuter / aller plus loin, vous n’avez pas d’ordre à lui donner, vous n’êtes pas son/sa Dom.
Discuter avec un.e soumis.e sous collier ou dans une relation D/s
Quelques règles s’ajoutent dans ce cas de figure.
Il est de bon ton, avant d’aller discuter avec une soumise sous collier, de demander l’autorisation à son/sa Dom d’échanger avec. Si, vraiment, vous n’arrivez pas à trouver le propriétaire de la personne avec qui vous souhaitez discuter, vous pouvez simplement lui demander un moyen de contacter son/sa Dom ou encore si son/sa Dom est au courant et d’accord pour que vous discutiez avec.
Proscrivez la drague, les conversations ambigües, l’envoie de photos et toutes autres choses de ce registre. Dans ce monde, il y a un réel respect de l’appartenance et des couples. Donc, sauf si le couple cherche explicitement un partenaire de jeu supplémentaire (et qu’il est ok de partir sur ce principe avec vous). Vous ne pouvez pas avoir ce type de comportement par respect pour le couple et par extension de la personne Dominante.
Si la personne soumise commet un impair envers une personne Dominante (qui n’est pas son Maître) lors d’une conversation, ladite personne Dominante n’a, bien entendu, pas le droit de le/la punir directement ! Par contre, il peut en référer à son/sa Dom pour lui expliquer les faits et demander réparation.
Discuter avec Un.e Domina.nt
Commençons par les règles orthographiques de bases. Même si pour certains, cela est plus du folklore, pour N/nous, c’est quelque chose qui nous tient à cœur. Lorsque vous vous adressez à un Dominant, il est de bon ton de mettre des majuscules sur l’ensemble des pronoms. Les mots en lien avec le statut de Dominant prennent également des majuscules (Maître, Dom, Monsieur).
Le vouvoiement est de rigueur, tout au long de la conversation. Sauf si la personne vous autorise à le/la tutoyer, à vous décider si vous le souhaitez ou non. Pour ma part j’ai tendance à garder le vouvoiement avec les Dom. Sauf si Mon Maître m’autorise à les tutoyer ou que j’ai une relation amicale avec cette personne.
Avant d’être sous collier, même si le Dom avec qui je parlais me proposait de le tutoyer, je préférais gentiment décliner. Car c’est pour moi une marque de respect par rapport au statut que de garder le vouvoiement. Lorsque deux Dom parlent ensemble, le tutoiement vient souvent plus rapidement.
Folklore qui se perd et qui est moins de rigueur (typiquement, le genre de chose qui vous sera rarement reproché) : finir ses phrases par « Monsieur » ou « Madame » lorsqu’une personne soumise s’adresse à une personne Dominante.
Dans la même veine, il est de bon ton lorsque l’on dit bonjour d’ajouter “mes respects Madame et/ou Monsieur”. Encore une fois si vous ne le faites pas je ne pense pas que qui que ce soit vous lapidera pour ça.
Même remarque que pour les soumis.es, on s’exprime avec respect. On ne fait pas du rentre dedans à un.e Dom qui est dans une relation D/s. Sauf si ce dernier affiche explicitement qu’il recherche une nouvelle personne soumise. Ou que les partenaires multiples sont ok dans la relation.
Si vous êtes une personne soumise, ayez bien en tête que la personne avec qui vous parlez n’est pas votre Dom. Vvous n’avez aucune obligation à répondre à ses demandes, ordres. Ou tout autre chose du style ! La seule « obligation » est de rester respectueux.
Discuter avec un couple
Petit détail non négligeable qui fait plus partie du folklore : lorsque vous vous adressez à un couple. A l’écrit, il est de bon ton d’alterner majuscule et minuscule pour les pronoms (V/vous, N/nous, V/votre). L’idée est de garder une hiérarchisation.
Encore une fois, on reste polie, courtois. Et on évite le rentre dedans peu opportun sauf si le couple est en recherche.
Quelques règles lorsqu’on interagit avec la communauté BDSM IRL hors soirées / munch, etc…
Voici quelques lignes valables pour une première rencontre avec une personne que vous convoitez ou non. Pour une simple rencontre amicale, ces conseils marcheront aussi. Et plus globalement quand des gens de la communauté se rencontrent hors soirées et événements prévus à cet effet.
Très basiquement, les quelques conseils proposés au-dessus restent valables (respect, vouvoiement, etc.…)
Ensuite, petits conseils lorsque vous rencontrez une personne soumise, LA PERSONNE SOUMISE N’EST PAS UNE CHOSE, donc on s’adresse à lui/elle de façon courtoise. On évite les gestes déplacés, les attouchements, les pincements ou toutes autres choses malaisantes qui viennent dans la bulle personnelle ! Idem avec les personnes Dominantes.
Ce conseil n’est pas réservé qu’au BDSM, hin ?!!! Mais vu que souvent, on confond les personnes soumises avec un buffet à volonté, ça ne fait pas de mal de le préciser.
Pour saluer le protocole voudrait que les personnes soumises fléchissent le genoux et fasse un baise main en présentant ses respects à la personnes Dominante.
Pour ma part en tant que soumise, je préfère saluer les personnes Dominantes sans avoir de contact physique, que ce soit en soirée ou non, avec un « Bonjour Monsieur/Madame ».
Règles de base lorsqu’on se rend à une soirée ou dans un donjon (hors munch public).
Avant toute chose, il est bon de préciser que chaque soirée ou donjon peut avoir un protocole qui lui est propre. Si ce n’est pas stipulé sur la page de l’événement ou le site internet, pensez à envoyer un message aux organisateurs afin qu’ils vous renseignent sur les règles et protocoles à adopter.
Encore une fois, vous pouvez utiliser l’ensemble des codes que nous avons énoncés précédemment, mais pas que ! Il y a quelques petites choses supplémentaires à connaître :
Pour ne pas changer, votre comportement avec les personnes soumises doit être irréprochable ! Donc le laïus sur le « on ne touche pas » est toujours valable ! Au-delà de ça, les personnes soumises ne sont pas là pour faire le service, donc n’allez pas demander à un.e soumis.e qui n’est pas à vous d’aller vous chercher à boire ou autre !
Jouer avec une personne soumise
Ensuite, même si un.e soumis.e semble disponible, cela ne vous donne pas le droit de jouer avec ! Trois cas qui sont des protocoles à absolument respecter :
- Si la personne est sous collier. Il faudra demander l’autorisation de la personne Dominante pour jouer avec (et ça c’est un protocole à absolument respecter !).
- Si la personne est libre. Il faudra voir directement avec elle, mais aucune pratique ne peut être faite sans qu’il y ait eu clairement un consentement !
- Si la personne est sous protection. C’est à la personne jouant le rôle de protecteur qu’il faudra demander l’accord.
Si une personne libre est d’accord pour jouer avec vous. Ou qu’une personne Dominante accepte de vous prêter son.sa soumis.e, ne pratiquez dessus que des pratiques que vous maîtrisez sur le bout des doigts ! Ce n’est pas le moment d’expérimenter des choses.
Mettez-vous d’accord en amont avec la personne Dominante et la personne soumise sur ce qui va se passer sur ce moment de jeu.
Renseignez-vous également sur les safewords de la personne soumise et de ses limites et respectez lesdites limites.
Autres protocoles de bases à respecter lors des soirées BDSM.
Pour les personnes soumises, il est souhaitable de porter un signe distinctif. Le plus souvent un collier, pour représenter votre position.
Respectez les joueurs
Lorsque des personnes sont en train de jouer, ne les dérangez pas. N’essayez pas de vous insérer dans le jeu que ce soit par la parole ou par des actes, si la personne Dominante souhaite vous intégrer, ne vous inquiétez pas, elle vous le fera savoir.
Évitez les éclats de rire, de parler trop fort ou globalement, toutes manifestations trop bruyantes à proximité des zones de jeux et laissez de l’espace. Vous voulez regarder, c’est bien, mais d’un peu plus loin, c’est mieux.
Soit vous respectez ceux qui jouent, soit vous vous éclipsez. Dans la même veine, on évite de se moquer de ceux qui sont en train de pratiquer ! (On le précise, car on l’a déjà vu/entendu/vécu). Bref vous l’aurez compris, le respect est un pilier clé du protocole.
Le respect du matériel et des équipements
On ne touche pas les jouets des autres ! Si vous voyez un jouet qui traîne et qui n’est pas à vous, ne vous l’appropriez pas. Si vous souhaitez tester le matériel de personnes présentes dans la soirée, il faut demander avant de prendre ! Et bien entendu toujours rendre l’objet en bon état et désinfecté aussi tôt que vous avez fini de l’utiliser !
Lorsque vous utilisez les équipements à disposition (croix de Saint André, pilori, cheval ou autre), il faut les désinfecter avant ET après votre passage.
Interactions sociales
Il est de bon ton que les personnes soumises soient plutôt assises par terre pour manger, boire et plus globalement, tout au long de la soirée sauf ordre contraire du Dom et si le lieu l’autorise. Pour ma part, quand Mon Maître m’autorise à m’asseoir à ses côtés et qu’une personne Dominante arrive, j’ai pour habitude de proposer ma place, par respect.
Il est courant que les personnes soumises se soutiennent lors de moment de jeu, pour se faire, avant d’aller soutenir un.e ami.e, il faut d’abord demander l’autorisation à son Maître.
Dernière chose pour remercier une personnes Dominantes après un jeu, je vous conseille fortement de réserver le baise à pied à votre Domina.nt. C’était un peu la marque de soumission et de respect ultime, pour les autres, préférez le baise main.
Et en munch comment ça se passe ?
Les munchs sont normalement des évènements qui ne sont pas protocolaires. Donc sentez vous libre de vous comportez 100% normalement et respectueusement !
En résumé, le protocole BDSM c’est surtout du respect, de l’éducation et quelques spécificités sémantiques, de positions et de manière de faire.
Et la règle principale, amusez-vous, prenez du bon temps tout en respectant toutes les personnes présentes 😉
[…] Et l’une de ces règles, c’est d’utiliser le vouvoiement en priorité. Ensuite V/vous pourrez demander si l’autre personne est ok pour passer au tutoiement. Si vous vous adressez à une personne Dominante, là par contre, N/nous V/vous conseillons de garder le vouvoiement. Pour en savoir plus n’hésitez pas à lire N/nos articles sur le protocole et le folklore du BDSM. […]
Un excellent article qui expliques les bonnes pratiques à adopter pour interagir avec la communauté BDSM. En effet lorsque l’on débarque dans ce vatste monde, on ne sait jamais réellement par où commencer ni comment il fonctionne
Merci beaucoup pour votre commentaire 🙂
[…] Concernant le protocole, tout dépend du lieu dans lequel vous allez. Si il y a un protocole spécifique à observer, cela sera aussi spécifié sur le site du club BDSM ou dans l’annonce de la soirée. Si ce n’est pas le cas, il sera surtout demandé du respect. Et si vous le souhaitez, appliquer les codes classiques du BDSM que vous pouvez retrouver dans notre article protocole et folklore. […]