27/12/2021
Pour Noël, j’ai eu la surprise de recevoir de la part de mon Maître un panier de chienne, ainsi qu’un bon pour que nous allions choisir mes gamelles ensemble. Des mois que nous en parlions, l’envie était présente, mais la surface de notre ancienne habitation ne permettait pas de pouvoir avoir ces accessoires. Avec le déménagement, nous avons enfin la place, et Noël était l’occasion idéale pour ce type de cadeau. Je fus énormément touchée par l’attention, même si pour certains cela pourrait paraître comme des cadeaux insignifiants. Moi, je le vois plutôt comme un gage de son écoute et de sa volonté de me vouloir à ses pieds.
Mais parfois, entre le fantasme, l’envie et la réalité, il y a un gap. Non pas que je ne sois pas infiniment heureuse et reconnaissante, mais je pensais que ces accessoires réveilleraient en moi un certain désir, une excitation. Un peu comme un graal, un accomplissement de ces fantasmes accumulés depuis mon plus jeune âge.

Nous étions hier soir confortablement installés, mon Maître dans le canapé, moi à ses pieds dans mon panier. Il me gratouillait tantôt la tête, tantôt le ventre, quand l’envie lui prenait.
À écrire ces lignes, mon intimité commence à devenir moite. Pour autant, dans les faits, sur le moment, pas une once d’excitation. Je n’arrive pas à me l’expliquer, d’autant plus en sentant l’excitation naître au creux de mon ventre en écrivant la scène. Pourquoi, sur le moment, je n’ai rien ressenti ? Est-ce parce que maintenant, pour moi, tout cela est normal ? Je ne me sens pas déçue, juste je me questionne, j’aimerais comprendre le mécanisme.
28/12/2021
Ce fameux panier donne encore du fil à retordre à mon cerveau.
Hier soir, je m’y suis de nouveau installée, et toujours pas une pointe d’excitation. Pour autant, je m’y sens bien. Mais d’autres questionnements ont fait surface. Je l’ai moi-même emmené dans le salon en début de soirée pour m’y installer, mais est-ce que c’était le désir de mon Maître ? Que ressent-il lorsque j’y suis ? Avait-il envie que je m’y installe et que je l’emmène, car il considère que c’est ma place, ou préfère-t-il que je me blottisse dans ses bras, dans notre canapé ?
Ce simple objet me pousse à des réflexions que je n’aurais jamais menées alors. Réflexions sur ma place, sur les désirs de mon Maître, mais aussi sur le fonctionnement de notre relation et sur mes propres mécanismes.
Dans ces moments où le cadre est parfois un peu flou, par manque de temps et parce que la relation est ancrée même si D/s dans un quotidien, cet objet me pousse à des réflexions qui n’auraient sûrement jamais eu lieu.
28/06/2022
6 mois plus tard, nous revoilà pour revenir sur ce fameux panier, celui qui m’a posé tant de questionnements, mais celui également qui est la preuve d’un passage à un nouveau stade dans ma vision du BDSM et dans la maturité de N/notre relation D/s.
J’ai passé la porte du BDSM il y a maintenant plusieurs années par le prisme de la sexualité. J’obéissais aux ordres, j’avais certaines pratiques (pour la plupart, au départ, purement sexualisées) parce que ce grand tout m’apportait l’excitation, l’impulsion sexuelle que je n’avais plus du tout dans la vie vanille.
Je suis passée ensuite au 24/7 parce que je ne me voyais plus construire ma vie de couple sans le BDSM, que j’avais besoin de cadre et de sentir une réelle domination masculine de par mon tempérament, qui a plutôt tendance à prendre le lead. J’y ai découvert l’excitation sexuelle et cérébrale à chaque nouveauté. Je me suis sentie comblée, à ma place, sexuellement et globalement épanouie.
Mais lorsque l’on ancre le BDSM dans son quotidien, et je veux dire par là qu’on l’ancre réellement, qu’il devient un mode de vie avec tout le lot de routine que cela amène, alors les choses mutent. Au début, on est un peu perdue, on se demande où est passée cette énergie sexuelle qui était présente avant. On en vient parfois à se demander : est-ce que j’aime toujours ça ? Est-ce que ma place est toujours là ?
On se re-questionne sur son rôle, ses envies et ses besoins. Parce que le 24/7, après 3 ans, ce n’est plus vivre dans un fantasme, c’est vivre son quotidien en dehors de la norme, qui devient notre routine.
Est-ce que pour autant c’est moins savoureux ? Est-ce que pour autant il faut rester là, à pleurer ces fantasmes et l’excitation qui n’arrivent plus quand on penserait qu’elles pointent le bout de leur nez ? Pas du tout ! On prend une grande inspiration, pour ma part un papier et un stylo, et on fait le point ! Seule, mais aussi à deux, car mon Maître reste l’acteur principal de cette relation qui s’est construite main dans la main.
Et c’est à ce moment qu’on se rend compte que le BDSM, ce n’est pas que de l’excitation, ce n’est pas que de « l’épanouissement » grâce à l’autre, c’est aussi beaucoup de spiritualité.
Et avant d’en arriver là, je vous assure que le cheminement a été extrêmement long et rude (je vous résume 6 mois de réflexion en un article, donc je vous passe les détails, les questionnements sans fin et les hauts et les bas 😅).
Alors, j’en vois déjà avec des gros yeux derrière leur écran se dire « non mais spiritualité, n’importe quoi » ou encore d’autres qui trépignaient d’impatience de lire un nouveau bout de récit plein d’expériences et de rebondissements, et qui finalement sont là, à attendre la chute et l’action, et qui s’aperçoivent avec un peu de frustration que ça sera peut-être moins fun que d’habitude 😊. Mais si vous êtes toujours là, je vous propose de continuer de m’accompagner dans cette réflexion sur mon très cher panier !
Alors non, après 6 mois, je ne suis toujours pas excitée à être dans ce panier, pas plus que de manger et boire dans mes gamelles, d’ailleurs. Mais mon dieu, qu’est-ce que je suis bien ainsi !
Parce qu’au-delà de la sexualité, il y a un monde dans cette philosophie de vie. Celui où, lorsque la porte s’ouvre, on se réalise ailleurs. L’objet qui, dans nos fantasmes, était excitation devient réconfort ou juste symbole d’être à la bonne place.
Quand je me blottis chaque soir dans mon panier, je me sens bien et apaisée. Quand j’ai un coup de blouse, direction le panier pour lâcher prise, oublier et juste me satisfaire un instant de cette place à ses pieds, symbole du lâcher-prise. D’ailleurs, je ne me questionne plus à savoir si mon Maître veut que je sois dans le panier ou sur le canapé, et je ne le range plus dans la chambre. Il trône fièrement dans le salon, il a trouvé sa place et moi je sais que c’est la mienne. Et si mon Maître souhaite que ce soit différent, il me dira de venir ; si je ressens le besoin de me lover dans les bras de mon Maître sur le canapé, j’en fais la demande, et il accepte — ou non. Mais le panier est venu s’ancrer, non pas comme un objet de fantasme, mais comme un symbole quotidien de ma place, et comme un réel objet de réconfort !
Pareil concernant les gamelles, notamment celle d’eau, je prends la liberté d’y boire même si ce n’est pas demandé, non pas pour jouer le rôle de la soumise parfaite, mais parce que je le veux, pour me sentir à ma place.
Croyez-le ou non, on ne peut pas vivre un BDSM sexualisé, excitant et fantasmé chaque jour. Pour autant, on peut vivre chaque jour son BDSM, en étant plus en hauteur, en ressentant chaque jour sa place, et en n’ayant plus besoin d’être excitée pour vibrer dans cette relation.
4/11/2025 – Le panier 4 ans plus tard
Qui aurait cru que je reprendrais la plume, 4 ans plus tard, pour parler encore de ce fameux panier 😅.
Quand je me suis dit que j’allais republier ce texte sur Instagram, je me suis replongée dans sa lecture. Il était comme dans mes souvenirs, je me suis amusée de la réaction de la Léa d’il y a 4 ans, pleine de déception et de fantasmes…
Et j’ai envie de lui dire : ma petite, accroche-toi bien, ce n’est que le début. Tu vas t’apercevoir à quel point ta vision va changer, à quel point tu seras nostalgique de ces débuts, à quel point cette nostalgie va s’effacer pour laisser la place à autre chose.
Je vous ferai probablement un article dédié à cette évolution plus globale, et je vous propose qu’on se recentre aujourd’hui sur l’objet de l’article : le panier !
Spoiler alert : en 4 ans, il n’est toujours pas devenu l’objet excitatoire dont je rêvais tant en décembre 2021 😂.
Pour autant, il est devenu quelque chose de profondément ancré dans nos habitudes, comme un rituel silencieux qui n’aurait jamais été formalisé, comme un lieu ressource dans lequel je me sens bien.
Chaque soir, après le repas, je m’y blottis confortablement pour regarder la série du soir, ma main allant souvent chercher celle de mon Maître pour quelques papouilles, ou parfois sa main venant me gratouiller la tête avec beaucoup d’affection. Je m’y endors paisiblement sans crier gare, pour y commencer une première partie de ma nuit, avant que mon Maître ne me réveille pour aller se coucher ensemble dans le lit. Il n’y a pas à dire, je m’y sens extrêmement bien, et je pense que je pourrais sans souci y passer une nuit entière.
C’est aussi devenu mon lieu de prédilection lorsque l’on geek ensemble, ou simplement quand j’ai besoin de me recentrer, de m’apaiser. Il a toujours cette dimension spirituelle dont je parlais en 2022.
Concernant les gamelles, je dois avouer que ça fait un moment qu’elles n’ont pas eu une grande utilité. Pour plusieurs raisons : la première, ces dernières années, nous n’avons pas beaucoup fait de petplay ; la seconde (qui est clairement due à mon côté chiante 😂), je ne veux pas manger à l’intérieur des plats que j’aime particulièrement. Je trouve que ça serait gâcher : j’aime trop manger ! Et lorsqu’il y a un plat que j’aime, j’ai besoin de le déguster dans les meilleures conditions pour prendre un maximum de plaisir 😂. Donc ça veut dire que mon Maître doit réfléchir au moment opportun, et je pense que ce n’est pas vraiment quelque chose auquel il a envie de réfléchir 😅.
Mais voilà, pour résumer, après 4 ans de “test”, j’aime toujours autant mon panier, qui n’est absolument pas l’objet excitatoire que je pensais, mais plutôt un lieu ressource dans lequel je me sens bien, apaisée et à ma place, loin du fantasme que j’avais pu m’en faire.

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