Il y a quelques semaines, N/nous V/vous partagions toute une ribambelle de clichés, mythes, et autres joyeusetés, au sujet des personnes soumises. Juste avant, N/nous V/vous avions proposé, une thématique liée au fait d’être un Dominant, qu’est ce que ça voulait dire, qu’est ce que ça engageait ?!
Alors c’est tout naturellement, que N/nous V/vous proposons le pendant, au sujet des personnes soumises.
Encore une fois, ce n’est que N/notre avis, lié à N/notre expérience, en espérant que cela puisse V/vous aider à y voir plus clair.
L’importance des mots.
Lorsque l’on débute dans cet univers, je crois que l’on a tendance à occulter l’importance du vocabulaire qui entoure ce milieu. Et cela est probablement dû au fait que ce vocabulaire n’est pas toujours très clair.
Chaque mot, qualifiant une personne dans l’univers BDSM, engage son lot de responsabilité autant du côté des personnes Dominantes que des personnes soumises. Et lorsque l’on démarre, par méconnaissance, on a tendance à vouloir revêtir tel ou tel « titre » sans vraiment comprendre ce que cela engage.
La fiction n’est encore une fois pas neutre dans cette histoire. Il est souvent question d’esclave, ou de soumise au sens sexuel du terme. Et je pense que rares sont les ouvrages qui reflètent réellement ce que chacun de ces termes impliquent dans une dynamique BDSM.
Ainsi, il n’est pas rare de voir des novices se disant esclaves à la recherche d’un.e Maître.sse, ce qui selon moi équivaut à mettre la charrue avant les bœufs. Ou encore des aspirant.e.s soumis.e.s disant être prête à une dévotion totale. Pour moi, tout ça, c’est l’imaginaire et le fantasme qui parle ! Et j’ai aussi fait cette erreur qui amène souvent son lot de Dom charognards en mal de pouvoir.
Bref, pas simple de mettre les bons mots quand on commence. Je pense qu’in fine, dire simplement que l’on est une personne novice attirée par le milieu du BDSM et la soumission marche très bien.
En anglais il y a un terme qui me semble intéressant, celui de Bottom, qui veut dire qu’on se définit comme une personne soumise dans le jeu, sans appartenance. Malheureusement, je ne trouve pas de nuance équivalente en français, mais ça me semble tellement juste, car peut-on être soumise sans Dominant ? L’éternel débat de l’œuf ou de la poule.
Il n’empêche que mon conseil pour les personnes qui démarrent, est de bien se renseigner sur ce que chacun des mots que vous choisissez veut dire, et sur ce que cela vous engage à faire.
Je ne vais pas aujourd’hui m’appesantir sur les différentes terminologies (soumis.e, esclave, kajira etc) mais plutôt essayer de définir comme N/nous l’avions fait pour les Dominants, quels sont, selon moi, les qualités dont fait preuve une personne soumise et ce qui découle de ce rôle.
Un cheminement
Avant de dresser cette liste, il me semblait important de parler d’un concept que l’on trouve dans certaines relations en devenir, ou du moins d’étapes que l’on peut demander à observer avant de devenir la propriété d’une personne Dominante.
Il est d’usage de dire, que c’est la soumise, qui donne le titre de Maître à son Dominant. Mais qu’en est il de la réciproque ? Je dirais que l’on est reconnu comme la personne soumise de son.sa Dom, lorsque la remise de collier est faite, scellant ainsi l’appartenance au cou de la personne soumise.
Mais avant cette remise de collier, que se passe-t-il ?
Parfois, c’est d’une rapidité désarmante : demande de soumission > remise de collier > emballé c’est pesé !
Et pour moi, c’est une manière tout à fait recevable de faire, si on se connaissait en amont et qu’on a eu une longue période d’amitié, de relation, ponctuée de moment de jeu ensemble, sans qu’il ne soit question d’appartenance.
Mais si ce n’est pas le cas, avant de se précipiter de la sorte, je pense qu’une période de noviciat ou d’observation, est assez intéressante à mettre en place.
Pour définir ce concept, on pourrait dire que c’est une période à mettre en place en début de relation afin de voir si ça match des deux côtés.
La personne Dominante va pouvoir voir si la personne soumise répond à ses attentes, (bien qu’il y aura toujours des choses sur lesquelles évoluées) et inversement. Ce qui n’empêche pas de jouer et d’avoir une relation plus ou moins hiérarchique.
Cela va permettre à la personne Dominante de voir si elle se projette avec la personne soumise.
C’est un temps qui peut s’intercaler entre la demande de soumission et la remise de collier, à cet effet, un contrat de noviciat peut être mis en place. Pour schématiser, cela équivaudrait à être un.e soumis.e à l’essaie. De la même manière, en tant que personne soumise, on ne donne pas le titre de « Maître » tout de suite à la personne Dominante.
En tout cas, je pense que c’est un concept qui permet de partir sur de bonnes bases, qui pourra vous confronter aux attentes de l’un et l’autre et qui vous permettra d’ajuster des choses ou de décider de ne pas continuer la relation pour des raisons tangibles.
Des qualités nécessaires au bon fonctionnement de la relation.
Durant nos différentes expériences dans cet univers, nous avons pu observer dans notre couple, mais aussi dans d’autres, certaines qualités chez la personne soumise qui permettent un épanouissement au sein de la relation.
Je ne dis pas que le petit listing de ces qualités, que N/nous allons proposer dans les prochains paragraphes, sont la vérité absolue. Ce n’est pas non plus les 10 commandements de la parfaite personne soumise. Loin de là. Mais toutes ces petites choses mises bout à bout peuvent être le synonyme d’un bel équilibre dans la dynamique.
Être capable d’être bien seul.e pour se révéler à deux
Si mes expériences m’ont appris une chose, c’est que pour être bien à deux, il faut d’abord être bien tout.e seul.e ! L’autre devient alors un plus dans sa vie, mais ne vient pas combler de besoins. On a tous N/notre petit lot de problématiques, comme la peur de l’abandon, la dépendance affective et j’en passe, qui ont tendance à être exacerbés dans nos types de relation.
Avant ma relation avec Mon Maître, j’étais prête à beaucoup de choses pour ne pas être seule, un divorce, des ruptures et un passage chez le psy m’ont permis d’apprendre à me suffir à moi-même. Et lorsque l’on a plus peur, lorsque l’on sait que l’on est capable de combler ses propres besoins, l’autre devient une valeur ajoutée dans notre vie, il va être là pour donner du plus, mais pas pour combler quelque chose. On va être capable d’amener des choses dans la relation et de ne pas attendre inlassablement que l’autre l’apporte. Je reste persuadée que c’est la clé d’une relation saine, qu’elle soit D/s ou vanille. Même si une relation D/s peut vous faire évoluer, peut vous apporter des choses, pour moi, il est nécessaire de régler certaines problématiques personnelles avant de s’engager dans ce type d’aventure.
Être capable de prendre le relais
La vie n’est pas vraiment un long fleuve tranquille et les personnes Dominantes ne sont toujours pas devenues des super humains. Maladie, baisse de moral, charge mentale etc… Autant de choses qui peuvent faire que la personne Dominante n’est plus en état d’assumer pleinement ses fonctions et qui nécessite que vous preniez le relais. Et oui, être soumis.e ce n’est pas simplement se laisser porter, c’est aussi en situation d’urgence, devoir prendre les bonnes décisions, prendre en charge des tâches et de la charge mentale qui ne sont habituellement pas de notre ressort. En somme, être capable de pouvoir soulager votre Domina.nt lorsqu’il en ressent le besoin ou lorsque c’est nécessaire, sans se sentir comme un lapin dans les phares d’une voiture 😅.
Prendre soin
Point directement corrélé avec le fait d’être capable de prendre le relais. On parle souvent du fait que la personne Dominante doit prendre soin de son.sa soumis.e mais l’inverse est tout aussi vrai. Je pense que de manière générale dans N/nos types de relation, l’empathie et le besoin de prendre soin de l’autre, sont deux choses nécessaires au bon fonctionnement du couple. Prendre soin, ça peut être au quotidien en faisant des petites choses qui lui feront plaisir. Mais c’est aussi avoir conscience que l’after care est valable pour les deux. Etre en capacité d’écouter l’autre quand ça ne va pas et le.la chouchouter. Bref ce n’est pas parce que hiérarchiquement la personne Dominante est au-dessus qu’elle n’a pas besoin d’affection, d’attention etc…
Être à l’écoute
Pour pouvoir évoluer et pour faire fonctionner la relation, il faut être capable d’être à l’écoute. Être capable d’entendre des choses, qui sont parfois dures, mais comme vous le savez nos types de relation sont basées sur la communication. Alors, il faut savoir entendre les besoins et envies de l’autre, les améliorations souhaitées, pour pouvoir cheminer ensemble.
Être honnête et transparent.e
Dans une relation D/s, la confiance reste la clé ! Et pour pouvoir conserver cette confiance et faire évoluer la relation, je suis persuadée que l’honnêteté et la transparence sont primordiaux ! Quelque chose ne vous convient pas dans la relation ? Une session de jeu s’est mal passée ? Les comportements de votre Domina.nt vous gênent ? Vous avez des envies ? Des idées ? Dites-le ! Même en tant que soumis.e, il est nécessaire de s’exprimer en toute transparence, même si parfois ça peut être délicat ! Mais, sans ces deux choses, vous risquez probablement de passer à côté de belles évolutions, et de vous murer dans la frustration et la rumination ! Une clause de notre contrat est dédiée à ce pan, car pour N/nous, une relation ne peut pas fonctionner correctement s’il y a des cachotteries et des non-dits.
Faire ce qui est attendu
Probablement une des choses les plus difficiles, même si c’est un peu le propre de la soumission ! 😅 D’une part, il y a ce qui est attendu par les règles et rituels présents dans le contrat, ce qui reste pour moi le plus simple à suivre. Puis, il y a le reste, ordres implicites, ordres explicites, petites demandes au quotidien. Pour ma part, j’ai tendance, sur ces choses en dehors du contrat, à vachement questionner avant de faire. Alors qu’en réalité, vu que j’ai une confiance totale en Mon Maître, je sais que si il le demande, c’est pour une bonne raison, peu importe ce qu’elle est. Mais quand parfois ses demandes vont à l’encontre de ma logique, il est compliqué pour moi de faire, sans poser de question ou sans proposer une alternative. Soyons clair, il arrive toujours à ses fins, car je n’ai pas fait le choix d’être soumise pour n’en faire qu’à ma tête. Et si vraiment quelque chose me pose problème, j’ai mon safeword pour ça. En tout cas, il me semble important de rappeler que si on décide de revêtir ce rôle, il est nécessaire d’avoir une certaine dévotion et une pré-disposition à obéir aux ordres et aux règles, sinon je ne vois pas trop où est la soumission.
Faire de son mieux
Et parfois, on failli à la tâche, l’ordre est mal compris, certaines circonstances font qu’on ne peut pas faire les choses exactement comme il a été demandé ou comme on l’aurait voulu. Les maniaques de la perfection seront quelques fois frustrés, l’échec fait parfois mal. Mais l’important reste de faire de son mieux, que ce soit pour prendre soin de l’autre ou pour répondre à ses attentes. Et il vaut mieux faire les choses de son mieux, que de ne rien faire par peur de l’échec et je pense qu’une personne Dominante sera toujours indulgente face à quelqu’un qui essaie, même si ce n’est pas parfait.
Être autonome
Même si le fait d’être une personne soumise engendre nécessairement une dépendance à l’autre, je pense qu’il est nécessaire de savoir aussi garder une certaine autonomie. D’une part, pour ne pas être piégée dans une relation qui pourrait s’avérer toxique, d’autre part, pour être capable de faire face, si jamais la personne Dominante ne peut pas ou ne souhaite pas, prendre les choses en charge.
Autre pan de l’autonomie, c’est aussi être capable de faire des choses dans le cadre du service au quotidien, sans que la personne Dominante ait à vous en donner l’ordre. Si le sujet vous intéresse n’hésitez pas à vous renseigner sur les différents types de services existants (réactif ou proactif. CF: le livre real service et les traductions disponibles sur le compte fetlife de toxic cherry).
Pour clore cet aspect, l’idée de l’autonomie est également de pouvoir enlever de la charge mentale à la personne Dominante, qui ne souhaitera peut-être pas régir l’ensemble des aspects de votre vie.
Avoir conscience de ses limites et savoir dire non.
Deux choses qui, d’une part, vous éviteront pas mal de déconvenues, et qui permettent aussi d’assurer un aspect sécuritaire, ne reposant pas uniquement sur la personne Dominante. Il n’est pas simple, quand on démarre, d’avoir conscience de cela, mais c’est en testant des choses et en avançant que l’on apprend ses limites. Le safeword à « niveau » peut également servir à cela. Selon moi une personne soumise qui a conscience de ses limites et qui sait dire non, c’est une personne qui prend soin d’elle.
Être capable de définir ce que l’on souhaite
Parce que pour créer une relation épanouissante il faut pouvoir la définir à deux. Si vous débutez, je reconnais que ce n’est pas chose aisée. Mais partez du principe que la personne Dominante, avec qui vous êtes en train de bâtir une relation, ne peut pas lire dans vos pensées. Alors autorisez vous à proposer des choses qui vous font envie. Nourrissez vous d’exemples, de votre imagination et de choses que vous avez pu voir ou lire. Ainsi votre Domina.nt pourra accepter ou refuser vos propositions, vous jouerez un rôle proactif dans la relation, et vous construirez quelque chose qui vous ressemble. Parfois, pour définir ce que l’on souhaite, il faut d’abord avoir conscience de ce que l’on ne veut plus et c’est tout aussi précieux ! Je pense qu’il n’y a rien de pire que d’essayer de construire quelque chose avec une personne qui se cantonne à des « je ne sais pas » ou « comme vous voulez ». Alors, n’hésitez pas à prendre de manière récurrente du temps pour réfléchir à cela.
Être conscient.e de sa valeur.
Votre Domina.nt n’est rien sans vous, de la même manière que vous n’êtes pas grand chose sans lui/elle. Soyez conscient.e de votre valeur, pour ne pas vous laisser malmener dans des relations qui ne seraient pas positives pour vous. Ayez conscience de ce que vous apportez à l’autre et au couple, sans pour autant oublier l’humilité.
Ne pas s’oublier
On parle souvent d’abnégation lorsqu’il s’agit de soumission. Littéralement, c’est l’oubli volontaire de soi, de son intérêt au bénéfice d’autrui. Pour autant, point trop n’en faut. Il est important de prendre soin de soi, de se protéger et de rester fidèle à soi-même, même dans ce type de relation. Au risque d’avoir un trop plein de charge mentale ou de mettre simplement en péril sa santé mentale.
N/nous espérons que cet article vous aura permis d’y voir plus clair et vous aidera dans V/votre cheminement !