19/03/2021
Me voilà le souffle court, allongée sur cette table ; ce soir je serai la feuille qui servira de dessin à leurs perverses envies. Je m’étais imaginée cette scène des milliers de fois, me retrouver au cœur d’une soirée agitée, le cœur même de cette soirée, partagée entre rire et excitation. Deux stylets savamment aiguisés feront office de stylo pour graver cette partie au plus profond de ma chair.
Les premiers gestes sont peu assurés, c’est normal : un jeu de société fait de chair et d’os, ça peut impressionner, alors la feuille se permet de parler, d’encourager ses bourreaux pour graver plus profondément des croix et des ronds. Qui aurait pu croire qu’un banal jeu de société serait si amusant ? Puis les bourreaux redoublent de sadisme et tapent sur la chair pour faire ressortir leur sombres dessins…
Un match nul annonce le début d’une nouvelle partie, une victoire aussi et c’est comme pour tout lorsque l’on se prête au jeu, on n’a aucune envie que ça s’arrête. Un fantasme réalisé qui me laissera des marques plusieurs jours en souvenir de ces parties agitées, aussi agitées que mon cerveau et mes ressentis. Ma prochaine envie ? Me transformer en échiquier, être la table docile piquée à chaque mouvement.