Histoire d’O,l’esclave, Le lien, sont des livres de fiction, qui peuvent être une mine d’idées pour faire travailler nos fantasmes et notre imaginaire. Pour autant, ils peuvent participer, comme beaucoup d’autres supports, à véhiculer une image de la soumission plutôt erronée. Ou du moins, très fantasmée qui, in fine, colle très peu à la réalité.
Depuis le temps que mes envies se tournent vers le monde du BDSM, j’ai eu l’occasion d’avoir moi-même eu une vision de la soumission déformée par le prisme de mes fantasmes. J’avais des idées reçues sur ce qu’il fallait absolument que je fasse pour devenir “une bonne soumise”. Et si je n’étais pas capable de faire ces choses, j’avais la sensation de faillir à cette tâche.
Je m’excuse par avance de genrer cet article au féminin. Ce n’est pas que je souhaite laisser pour compte nos amis soumis. Je pense qu’ils pourront se retrouver dans mes mots. Mais, je ne veux pas prendre la parole au sujet de quelque chose que je ne suis pas amené à vivre. Ou du moins à quelque chose auquel je n’ai jamais été confronté. Si vous êtes un soumis, n’hésitez pas à réagir sur cette thématique en commentaire. Afin de nous donner justement un parallèle de l’autre côté du miroir.
Ce mythe de la bonne soumise dont nous allons parler aujourd’hui est souvent quelque chose qui est mis en avant par des Dominants aux pratiques douteuses. Et qui leur permet de manipuler habilement des femmes, à la découverte de cet univers.
Mais avant de lister toutes ces choses pleines d’idées reçues. Je vous propose qu’on se penche un peu plus sur la question suivante, c’est quoi, une bonne soumise ?
Une bonne soumise, c’est quoi ?
Pourrait-on définir, en quelques lignes qu’est ce que serait une bonne soumise ? Pourrait-on envisager qu’un copier / coller de comportement ferait de vous une bonne soumise ? Peu importe votre partenaire de jeu ou de vie ?
Je pense que la réponse est non. Comme j’aime à la répéter, il est question ici d’humain, avec des caractères différents. Selon moi, être une bonne soumise est au regard des attentes de la personne Dominante auprès de laquelle on s’engage. Je suis probablement une bonne soumise pour Mon Maître. Et je serai tout aussi probablement une soumise catastrophique pour un autre.
Nous pourrions définir quelques qualités essentielles comme N/nous l’avions pour les personnes Dominantes lors d’un précédent article. Mais il est impossible de dessiner les traits de la soumise parfaite. Car la personne soumise parfaite ne le sera qu’au regard des attentes de la personne Dominante avec qui elle évolue.
Une bonne soumise serait alors, la personne qui répond aux attentes de la personne Dominante à qui elle appartient. Et de ce fait, en dehors d’une relation suivie, longue, il serait à mon sens compliqué de se définir ou d’être définie comme une bonne soumise.
Durant mes pérégrinations et ma recherche de Dominants, je me suis aperçu que l’expression “bonne soumise” pouvait clairement faire partie de leur vocabulaire. Et qu’au-delà de ça, ce terme générique emmenait avec lui une ribambelle de clichés. Alors on est partie pour découvrir tous ces trucs improbables qu’une “bonne soumise” devrait faire.
La femme objet.
J’ai ce souvenir lorsque j’ai débuté, je pensai, et on m’a fait penser, qu’une soumise devait en quelques sorte, devenir la parfaite femme objet.
Dire oui à tout pour faire plaisir à l’autre. Accepter des choses qui serait en lutte avec ses envies et ses croyances. Comme par exemple, être donnée en pâture à n’importe quel autre, pour jouer ou avoir une activité sexuelle.
Selon les Dom que je croisais à cette époque et mon imaginaire, dire « non » n’était pas une option. Au risque de passer pour une mauvaise soumise.
Avec le temps, je peux vous certifier une chose. Dire « non » ne fait pas de vous une mauvaise soumise. Mais plutôt, une soumise qui se respecte et qui à conscience de ses envies et de ses limites. Si la personne qui vous accompagne vous culpabilise, et/ou ne respecte pas ce « non » et vos limites, passez votre chemin car la suite de l’aventure n’augure rien de bon ! Votre consentement, votre corps, vos règles, n’oubliez jamais ça 🙂
Pas de limites et culpabilisation de l’usage du safeword.
On a tendance à croire qu’une “bonne personne soumise” n’a pas de limites. On rejoint là, plus ou moins, le précédent paragraphe.
Avoir des limites ne fait pas de nous une mauvaise soumise. Avoir des limites, c’est plutôt sain, ça permet de découvrir les choses progressivement. Ou parfois, de ne pas les découvrir car on n’est pas à l’aise avec telle ou telle pratique.
Acceptez de ne pas avoir de limite, ou dire que l’on n’a pas de limites, c’est impossible, notamment quand on débute. On peut pour autant ne pas les connaître et ça c’est encore autre chose. Dans ce cas, il ne faut pas hésiter à parcourir une check list et se questionner.
Le safeword = votre filet de sécurité
Qui dit limite, dit safeword et là encore c’est un vaste débat. Lors d’une des relations que j’ai mené (qui était toxique à souhait), j’avais un safeword. Mais, si j’utilisais mon safeword durant une séance j’étais punie.
Mon cerveau à donc rapidement associé, utilisation du safeword avec mauvaise soumise. Une culpabilisation qui n’a pas lieu d’être. Nous ne sommes pas des supers humains, il y a des jours où ça va, d’autres où ça ne va pas. Le safeword, c’est notre parachute, notre filet de sécurité. Il est là pour être utilisé, pour éviter les expériences qui pourraient mal se passer.
Je ne dis pas qu’il faut l’utiliser toutes les cinq minutes, pour tout et n’importe quoi. Mais, je dis que l’utiliser pour mettre fin à une séance ou à une situation qui ne vous convient pas ne fait en rien de vous une soumise qui ne serait pas exemplaire. Au contraire, avoir conscience de ses limites, avoir conscience que l’on veut arrêter, c’est positif, car ça veut dire que l’on prend soin de soi. De la même manière, un.e Dom ne doit pas se sentir blessé, si la personne soumise utilise son safeword, ça ne fait pas de lui/elle un.e mauvais.e Dom pour autant.
Elle doit tout changer pour plaire à son Dominant.
Le Dominant est là pour éduquer, élever. Mais pour autant, je ne suis pas à l’aise dans l’idée qu’une personne souhaite en changer une autre du tout au tout.
Bien entendu, des ajustements dans le comportement peuvent être faits. Bien entendu, la personne Dominante peut influencer le mode de vie.
Mais quand l’idéal est trop loin de la personnalité de base, je trouve que c’est maladroit d’essayer de tout changer. De gommer des opinions, une manière de vivre. Et je pense que pour être bien avec quelqu’un, il faut l’accepter telle que la personne est. Accepter la base pour la magnifier. Et si des changements demandés sont trop en lutte avec votre manière d’être, il ne faut pas hésiter à l’exprimer. Et de toute façon, que ce soit dans le BDSM ou dans le monde vanille, jouer les caméléons ne marche jamais sur la durée.
Elle n’impulse pas la relation et ne donne pas son avis.
Lorsque l’on est une personne soumise, on a tendance à croire que l’on est pas légitime à impulser de nouvelles choses dans la relation. Le mythe voudrait que la personne Dominante impulse et la personne soumise suit.
Sauf qu’en réalité qui mieux que vous pour connaître vos besoins et envies ? Dans ce cadre, vous êtes tout à fait légitime à faire des propositions de rituels, de jeux ou tout autre chose, qui pourrait être mise en place dans la relation. Ça ne veut pas dire que vous prenez les rênes de la relation. Car, le décisionnaire final restera la personne Dominante. Si elle ne souhaite pas mettre ces choses en place, elle ne le fera pas. Mais pour autant, jouer un rôle actif et non un rôle passif, comme le mythe le voudrait, ne fait pas de vous une mauvaise personne soumise.
De la même manière, donner votre avis est légitime et c’est à la personne Dominante d’en prendre compte ou non. Ça ne fera pas de vous une personne souminatrice.
La parfaite femme au foyer.
Je me souviens de l’une de mes amies soumises qui me racontait que l’un de ses Dominants la faisait venir de manière régulière chez lui pour lui faire toutes ses tâches ménagères. Ménage, repassage et j’en passe, mais jamais de séances. Clairement pour cette personne avoir une soumise, c’était plus le bon plan pour avoir une femme de ménage sans la payer. Être une bonne soumise ne veut pas dire être une boniche ou une parfaite femme au foyer.
Ce n’est pas parce qu’on est dans une relation D/s que l’on ne peut pas envisager d’avoir une répartition égalitaire des tâches ! C’est un peu à la carte et selon la manière de vivre de chacun. Mais, si vous n’êtes pas à l’aise dans ce rôle. Si ce n’est pas quelque chose qui vous épanouit. Vous ne devez pas l’accepter, ça ne fera pas de vous une mauvaise personne soumise.
La parfaite salope.
Soumission, ne rime pas nécessairement avec sexe. On peut aussi rechercher une relation de Domination soumission sans nécessairement chercher à sexualiser le jeu.
Et dans le cas où on souhaite être dans une relation où le sexe est ok, on est pas non plus obligé de tout faire et de tout accepter. Si par exemple vous n’aimez pas l’anal et que vous ne souhaitez pas jouer à ce niveau, ce n’est pas grave. Ca ne fait pas de vous une soumise moins qualitative qu’une autre.
Certains ont tendance à croire que la soumise, c’est un peu la femme toute option. En effet, ça peut l’être. Mais ce n’est pas une obligation. Et encore fois ne vous forcez pas à l’être si des choses ne vous tentent pas !
De la même manière qu’une personne soumise peut souhaiter ou pas, accepter ou pas, d’être sexuellement disponible tout le temps. Ne pas l’être ne fera pas de vous une soumise moins remarquable.
Et si la personne avec qui vous partagez vos kinks, n’acceptent pas ça alors peut-être faut-il se poser des questions.
Elle ne parle qu’avec une autorisation et garde les yeux baissés.
Je pense que là on est face au plus gros mythe de la bonne soumise. Vous trouverez peut être des exceptions qui confirment la règle mais dans une relation 24/7, typiquement, ce n’est pas possible. Ce sont des règles qui peuvent s’appliquer sur le temps d’une séance ou d’une soirée mais au quotidien, ce n’est vraiment pas tenable et ce n’est n’y plus ni moins qu’un cliché de plus.
Elle ne doit absolument pas parler aux autres Dom et plus globalement aux autres.
Dans un début de relation, renoncer aux contacts extérieurs est, selon moi, une très mauvaise idée. Et peut laisser place à un isolement et donc un grand sentiment de dépendance qui laisse la place à tout type de manipulation.
Dans l’une de mes anciennes relations, j’avais accepté de ne pas avoir ses droits. J’étais trop jeune dans le milieu pour comprendre que de part cet isolement, la personne avait totalement la main mise sur moi et du coup, je n’avais personne pour savoir si ce qu’il se passait dans la relation était normal ou non.
Je comprends tout à fait que l’on puisse vouloir protéger la personne soumise de gens qui pourraient ne pas être corrects, mais je pense qu’il faut trouver un juste milieu et avoir confiance en l’autre. L’isolement peut être une pratique sur une durée définie quand on se connaît bien l’un l’autre. Mais l’isolement en début de relation ne présage rien de bon, mise à part un manque de confiance et un besoin excessif de contrôle.
Cet article touche à sa fin et j’espère vous avoir fait comprendre par ces divers paragraphes que la bonne soumise est un mythe.
Que l’on ne peut être une bonne personne soumise qu’au regard de la personne Dominante qui vous accompagne. Et que vous saurez par la suite éviter ces clichés qui peuvent devenir destructeur pour la personne soumise.
Notez bien que chaque chose qui a été abordée durant cet article n’est que ma vision et à mettre au regard d’une relation naissante et D/s. Les relations Maître esclave par exemple, ne sont pas bâtis de la même façon et peuvent, sur quasi la totalité de ces points, venir en lutte.
En tout cas, comme d’habitude, si quoi que ce soit dans votre relation vous met la puce à l’oreille, si vous ne vous sentez pas à l’aise, suivez votre instinct et protégez vous, ça ne fera pas de vous une mauvaise soumise 🙂.
[…] semaines, N/nous V/vous partagions toute une ribambelle de clichés, mythes, et autres joyeusetés, au sujet des personnes soumises. Juste avant, N/nous V/vous avions proposé, une thématique liée au fait d’être un Dominant, […]