Il y a une espèce de mode qui agit un peu comme un spectre sur N/notre milieu, ces quelques dernières années. Cette mode est probablement révélatrice d’une nouvelle génération qui souhaite tout, dans une certaine instantanéité, une génération en manque de confiance, une génération de « bons élèves », qui voudraient tout bien faire du premier coup. Cette mode : le « Mentorat ».
Il ne se passe pas un seul mois sans que N/nous recevions des demandes pour devenir les « mentors » d’une personne Dominante, où que je lise ce type de recherche sur les réseaux sociaux.
Pour être complètement honnête avec V/vous, ça m’angoisse, car c’est révélateur de besoins créés en grande partie avec l’arrivée d’internet. (Quand je dis ça, j’ai l’impression d’être une vieille dame, mais non, rassurez V/vous, j’ai 31 ans, je suis moi même de la génération internet ^^). Ou, pour être plus précise, du fait que l’O/on parle de BDSM sur des plateformes qui ne sont plus, ou pas, dédiées à cela. Car à mes débuts dans le BDSM, sur des sites dédiés ou encore lors de différentes soirées, je n’avais jamais entendue parler qui que ce soit de recherche de mentor.
1- La course à l’apprentissage.
Ils veulent devenir « Maître » à tout prix et en ayant tout bon du premier coup, ils veulent le matériel dernier cri du créateur à la mode, ils veulent faire du fouet sur une bougie et montrer leurs exploits sur les réseaux sociaux, ils suivent les tutoriels de « machin » et « bidule » et seraient prêt à payer pour être le protégé du « grand chose ». Ok, je schématise et je grossis un peu le trait, mais quand je me frotte à une certaine frange de la population de N/notre univers, c’est tout à fait ce que je ressens.
Une génération de Dom 2.0, qui n’accepte pas, d’apprendre à son rythme, de se faire sa propre opinion, d’éduquer lui-même sa soumise. Une génération en recherche d’un mentor à défaut de trouver « Le BDSM pour les nuls » en vente sur Amazon.
Les amis, le BDSM est une science humaine, une succession d’expériences, bonnes et mauvaises, qui forgent le/la Dom ou soum que vous serez demain ! Il n’y a pas de mode d’emploi, personne n’est en capacité de Vous apprendre à être un « Maître », parce qu’On est Maître.sse que de son.sa soumis.e, quand elle veut bien Vous voir comme tel! Les personnes qui vont accepter de devenir « Mentor » pour Vous apprendre à être « Maître » sont soit, en phase de vouloir devenir un gourou, soit, ont besoin de flatter leur ego et ont tendance à manquer cruellement d’humilité. Prenez n’importe quelle personne qui est dans ce milieu depuis longtemps, il vous dira toujours que l’on passe sa vie à apprendre et à se perfectionner.
Dans N/notre univers, pour moi, personne ne peut V/vous montrer le chemin pour devenir le « Maître parfait » (parce que chacun est différent et heureusement !). V/vous pouvez lire des manières de faire, des visions, des opinions, mais V/votre relation, Votre mode de Domination, c’est à Vous de le créer ! Ce que Mon Maître fait, ne fonctionnerait probablement pas avec une autre soumise. Parce que N/nous avons évolué ensemble, N/nous avons créé une relation qui N/nous ressemble, en observant les autres en soirée, en lisant des choses, en discutant énormément ! V/vous êtes l’architecte de V/votre relation, V/vous n’avez nullement besoin de quelqu’un qui V/vous dise comment faire ! Faites V/vous confiance, acceptez d’essayer des choses et de V/vous tromper ! Ce n’est pas grave, c’est comme ça que se forge une belle relation, avec l’âme des deux parties !
Alors oui, du coup, O/on ne devient pas un « Maître » du jour au lendemain, On gagne le respect et la confiance de la personne soumise petit à petit, mais c’est aussi ça qui est bien et beau ! Évoluer, doucement à son rythme. Nulle besoin du meilleur matériel, nulle besoin que « machin » ou « truc » valide que Vous êtes un bon Dom, c’est dans le regard de la personne soumise qu’il faut chercher l’étincelle et l’approbation. Pour commencer, le matériel dont Vous aurez le plus besoin, est votre cerveau !
2- Des belles rencontres suffisent.
Je serai tentée de penser que les gens recherchent des mentors pour pouvoir facilement partager des situations d’échec, pour chercher des conseils ou encore se former à une pratique, parce qu’ils ont envie de tellement bien faire, qu’ils ont peur d’avancer tout seul.
Mais, avoir le point de vue d’une seule personne qu’on suivrait aveuglément parce que ce dernier serait « mentor », ne serait-ce pas un biais de l’esprit ? Car au final, la personne va vous répondre, vous aiguiller selon son spectre, son expérience, son cadre de référence, qui n’est peut être pas le vôtre.
Alors que, croyez-le ou non, N/notre parcours, N/notre couple, N/nos pratiquent ont évolué, grâce à une multitude de rencontres, des conseils glanés ici et là. Certains qui N/nous ont convenus, d’autres, qu’O/on a laissé de côté. Des gens qui N/nous ont expliqués/montrés des pratiques. Pour autant, N/nous n’aurions pas évolué ainsi, si N/nous avions eu une seule voix, une seule personne qui N/nous aurait montré ou conseillé.
Il est important selon N/nous de multiplier les interlocuteurs, réel ou virtuel, pour se nourrir et avancer ! Pour autant, concernant la pratique, N/nous vous conseillons vivement d’interagir grâce au réel ! Et d’apprendre à pratiquer ce que V/vous souhaitez avec des gens que V/vous avez vu jouer, que V/vous trouvez safe, que V/vous avez vu faire la pratique en question, avec lesquels V/vous V/vous sentez à l’aise et sur lesquels V/vous avez de bons échos. En bref, O/on ne va pas apprendre une pratique avec « machin » juste parce qu’il dit qu’il est bon dans cette pratique.
3- Ça n’empêche pas d’avoir des modèles
Pour autant, les modèles peuvent être des moteurs. Ça ne veut pas dire que l’on souhaite tout faire pareil, mais ce sont une, ou des personnes, qui vont N/nous inspirer, N/nous donner envie de tendre vers quelque chose.
Les modèles ne V/vous guident pas, ils permettent juste de nourrir un imaginaire, une envie, un chemin et ça, c’est tout à fait sain.
Le tout est de ne pas se cloisonner et de se construire soi, tout en glanant des conseils à droite à gauche lorsque V/vous en ressentez le besoin.