Une question revient inlassablement dans N/nos DM d’une foule de nouveaux pratiquants, comment fait-on pour commencer / débuter dans le BDSM ?
Quand O/on lit cette fameuse question, N/nous oscillons entre deux états, le bonheur de voir de nouveaux pratiquants rentrer dans N/notre monde et l’angoisse de cette question quasi philosophique. Alors O/on se rappelle N/nos débuts, comment N/nous avons commencé, N/nous ? Comment s’y prend-on ? Comment ça se passe ?
N/nous n’avons pas la science infuse, et plutôt que de N/nous hasarder dans des phrases bateaux et des conseils déjà entendus 43 fois, N/nous préférons V/vous partager N/notre expérience, sur N/nos débuts et les conseils que N/nous pouvons en tirer.
Comment les_ah a débuté le BDSM
D’aussi loin que je me souvienne, après avoir mis les quatre lettres magiques sur mes envies, la première chose que j’ai faite, c’est arpenter le web à la recherche de choses qui allaient nourrir mon univers fantasmatique. Quelques pornos téléchargés sur Emule, qui pour la plupart montrait des séances d’orgasmes forcés et qui n’ont pas vraiment retenu mon attention et surtout des blogs. On est aux alentours des années 2006, j’ai 15 ans, je ferme la porte de ma chambre et ouvre ses pages magiques où des partenaires de jeux nous emmènent dans leurs quotidiens et surtout dans leurs séances.
On ne parle pas ici de supports éducatifs, mais bien de récits qui ont construit une majeure partie de mes fantasmes BDSM. D’ailleurs, si La bourgeoise soumise et Jade la catin chienne soumise passent par-là, mesdames, vous êtes mes premières lectures, et c’est peut-être vous qui m’avez donné le goût de retranscrire mes séances. C’est d’ailleurs avec beaucoup de peine que je m’aperçois que ces deux blogs n’existent plus…
Pendant plusieurs années, j’engloutis ces récits dès que l’occasion se présente. Je parle de mon attirance pour cette sexualité à mes partenaires mais rien y fait, leurs réactions est assez catégorique, soit je suis folle, soit ce n’est vraiment pas leur truc. Alors je mets un petit mouchoir sur mes envies et je me contente de lecture. A l’époque, les réseaux sociaux existent mais la culture du BDSM n’est pas aussi exposée qu’aujourd’hui.
Du fantasme à la réalité
La vie continue, mes envies en toile de fond, jusqu’au jour où, ancrée dans l’ennui de mon quotidien, je me décide à franchir les portes d’un site s’appelant Gleeden (site de rencontre spécialisé dans les relations extra conjugales), j’ai 25 ans. Je décide d’y inscrire très clairement mes envies, et quelques semaines plus tard, bingo, je rencontre des gens ayant la même appétence que moi.
Soyons clair, maintenant avec le recul, je sais que la plupart des hommes avec qui j’ai discuté, ou eu des expériences, n’étaient pas de réels pratiquants ou du moins étaient des personnes voyant cette activité comme un moyen de pimenter un rapport sexuel. Leurs pratiques n’allaient pas très loin, et pour autant, pour commencer, c’était très bien. Ça m’a mis le pied à l’étrier, mais aussi, ça m’a rassuré sur ma santé mentale, des vraies gens aimaient ce genre de choses, comme moi.
La rencontre qui a fait mouche
Au détour de ce même site, je rencontrais A , un homme Dominant à qui je dois énormément. La quarantaine passée, il avait pas mal évolué dans ce milieu. N/nous entamons, ensemble, une relation de partenaire de jeu, étant, lui et moi, dans une relation vanille à côté. Force de discussion, il m’a appris le b.a.-ba d’une relation D/s, des différentes pratiques existantes. A cette époque, je n’étais pas encore prête à vivre le BDSM tel que je le considère aujourd’hui, je voyais ça comme un bon moyen d’avoir des ébats sexuels fort sympathique et, au cours de la séance, me mettre dans la peau de la soumise qui avait juste à se laisser porter.
Pour autant, Il nourrit mon esprit avec un tas de notions liées à la relation D/s, sans que nous puissions réellement les explorer ensemble. Il se positionna aussi comme un vrai guide, me laissant prendre mon envol, tout en me guidant quand le moment était venu pour que je puisse trouver quelqu’un, qui selon lui, correspondrait plus à mes attentes et mes besoins. A a été mon guide et mon fil rouge pendant un long moment, me ramassant lorsque ça n’allait pas, m’expliquant certaines choses lorsque je ne comprenais pas et surtout m’aidant à mieux comprendre cet univers et à mieux me comprendre.
Chassez le naturel…
On est en 2018, j’ai 27 ans, je lis énormément diverses livres ancrées dans la culture BDSM : Le journal d’une soumise, divers romans d’Eva Delambre, Histoire d’o, Le journal d’un Maître de Patrick Le Sage, ou encore Dresser une esclave consentante d’Eros Power. Et encore, et toujours des blogs, mais cette fois, plus à visée éducatives, comme Cercle O ou encore celui de Caliope Clarisse.
Je n’ai plus de relation réelle depuis A, quelques plans à droite à gauche, mais rien de sérieux, juste du jeu. L’ensemble de ces livres me donne envie de nourrir une vraie relation, pas juste du one shot, j’aspire enfin à plus. Je tape sur mon moteur de recherche « comment faire des rencontres BDSM » et là je tombe sur un article du Cercle O, qui, après une liste fournie de sites anglophones, parle d’un site français, gratuit, le marché aux esclaves. Le nom fait un peu peur, mais j’ai l’envie de rencontrer quelqu’un qui baigne vraiment dans ce milieu, alors je me lance.
Une photo, une annonce où j’explique mes envies et on est parti. Je reçois un flot incalculable de messages. Au début, je décide de répondre à tout le monde, même si c’est pour décliner, puis rapidement je décide de ne répondre qu’à ceux qui m’intéressent, car sinon, c’est une perte de temps énorme. C’est le jeu quand on est soumise, des dizaines de prétendants, parfois courtois, parfois rustres, et je suis plutôt le genre de personnes à me dire que c’est flatteur, car in fine, ça laisse sous-entendre que votre profil plaît et autant le voir comme une belle occasion de gonfler son égo.
La mauvaise rencontre
Sur ce site, je trouve F, après quelques messages échangés, N/nous décidons de passer par Snapchat, lui est plutôt en recherche d’une relation 24/7, chose que je ne peux lui donner étant mariée. Pour autant, le courant passe bien et nous décidons de tout de même entamer quelque chose ensemble. Des règles sont posées, mais pas de contrat, ni de questionnaire des limites, une énorme erreur qui me servira de leçon pour la suite.
Nous vivons une histoire compliquée, il a rapidement l’idée de vouloir introduire une troisième personne dans nos jeux, à l’époque, je suis trop naïve et pas assez rodée dans le milieu, j’accepte, pensant bêtement qu’une soumise doit accepter toutes les demandes de son Maître, même si cela lui coûte.
Ses diverses envies me poussent à me renseigner via internet sur une myriade de pratiques, sur les tenant et aboutissant, d’une relation 24/7 et d’une relation M/e. Je suis prête à tout pour son plaisir et A n’est plus là pour m’accompagner car F me demande de couper tout contact avec lui, ce qui aurait dû, dès le départ, me mettre la puce à l’oreille.
Les erreurs forgent le futur…
On fait N/notre chemin, aussi chaotique qu’il puisse être, je vis des choses que je n’aurais jamais dû vivre, mais ça forge. Je m’inscris sur différents sites BDSM pour chercher une troisième, ce qui me permet de faire la connaissance de Wann, dans des échanges tout à fait amicaux et en quelque sorte, il prend le relais de A.
Pour trouver cette fameuse troisième, F me demande d’aller seule à différents événements BDSM (autre truc tout à fait improbable qui aurait dû aussi me mettre la puce à l’oreille) et c’est là que j’apprends ce qu’est un munch.
Je me mets à rechercher, sur les sites BDSM, les événements qui se trouvent dans ma région. Hors de question d’aller dans des soirées toute seule, en revanche des munchs, pourquoi pas. Ça ne m’engage à rien, c’est juste boire un verre avec des personnes qui aiment la même chose que moi. J’y fais la rencontre de personnes merveilleuses, qui sont encore dans mon cercle d’amis actuel. J’y apprends un tas de choses sur le fonctionnement du BDSM, sur la relation D/s, les pratiques etc…
Une nouvelle vie à Ses côtés
Ces événements, et mes discussions avec Wann me font, petit à petit, ouvrir les yeux sur la toxicité de ma relation avec F et sur ces comportements qui sont tout, sauf ceux d’un Dominant, même si, pour certaines choses, j’en garde un bon souvenir.
Sur les différents sites BDSM où je suis, je glane également tout un tas d’informations. Mais ce sont surtout les différentes rencontres qui m’ont fait grandir et comprendre. D’où, pour moi, le profond intérêt d’être inscrit sur des sites dédiés et de passer la porte des munchs. Au-delà de se nourrir par des écrits, ce qui est tout de même intéressant, mais rien ne vaut le vrai et le vécu, au-delà des pages remplies de mots et des interactions par écrans interposés.
La suite de mon apprentissage s’est fait, main dans la main, avec Wann. Façonnant à deux N/notre relation et N/nos pratiques, en tenant compte des erreurs que N/nous avons faites dans N/nos précédentes relations pour ne pas les reproduire. J’ai fait plein de premières fois en sa compagnie dont le fait d’oser franchir la porte de soirées où l’on joue. Cet apprentissage continue chaque jour grâce à N/nos envies, N/nos lectures et N/nos connaissances et finalement, dans le BDSM, je crois que N/nous sommes tous des éternels débutants, car il y a toujours de nouvelles choses à apprendre.
Les débuts de Wann dans le BDSM
Comment je suis entré dans le BDSM ? L’histoire est longue, d’aussi loin que je me rappelle, j’ai toujours eu une sexualité qui s’approchait du BDSM sans que je le sache (à l’époque). J’ai très vite attaché ou fessé mes partenaires pour « pimenter » la chose. Professionnellement, j’étais soudeur, on m’a presque tout de suite demandé de fabriquer des cages (de danseuses, aussi), des colliers d’appartenance, des entraves et autres matériels. J’avais 20 ans, je ne connaissais pas ce milieu mais ça ne me gênait pas, c’est certainement pour ça qu’on me commandait autant de pièces.
J’avais plusieurs amis qui avaient mis les mots sur leurs sexualités, moi, pas encore. Mais, ça ne m’empêchait pas de m’éclater dans ma chambre. Bien que ceux que j’appellerai « vanille » plus tard, trouvaient que j’avais une sexualité débridée, hors normes et qui pouvait faire un peu peur (réelle réflexion qu’on m’a dit au moment de la rupture 😅).
Mettre les mots
En bref, la révélation s’est faite lorsqu’un ami soumis m’a dit que ça ne servait à rien pour moi de chercher une compagne sur les sites de rencontres classiques, j’ai 37 ans. Il posait les mots sur ma vie sexuelle et amoureuse. Mon ami me dit d’aller sur un site BDSM et de voir si cela me correspondait. Il avait vu juste et ce fut une révélation. C’est à ce moment que j’ai repensé à mes anciennes relations et leurs côtés kinky.
Un peu plus tard, j’allais à un Munch, j’y ai rencontré des gens fort sympathiques avec qui je suis encore amis aujourd’hui, et d’autres qui sont réellement des gens à fuir (bien entendu, il y a tout un panel de relations différentes, il y a aussi des gens que j’apprécie et qui ne sont pas des amis mais des copains/copines ou connaissances). C’est à ce premier Munch que j’apprends qu’il y a bientôt une soirée BDSM, la Pandemonium, à laquelle je m’inscris immédiatement.
Enfin chez moi
J’y suis allé seul, vu que je n’avais pas encore de soumise, l’ambiance, les gens, tout était parfait, j’étais enfin chez moi. J’ai continué à aller aux Munchs et aux soirées auxquelles j’étais invité. Après plusieurs rencontres non concluantes, c’est dans une soirée privée que je rencontre une soumise avec qui ça n’a pas fonctionné non plus d’ailleurs. Mais je continuais de discuter sur le net, notamment avec Les_ah. La suite, vous la connaissez…
Pour débuter en termes de matériel, j’ai acheté un kit de débutant sur Aliexpress, bon, très vite, je me suis fabriqué mon propre matériel. Il faut avouer que le matériel BDSM a un certain prix et que, pour quelqu’un qui sait travailler de ses mains, Decathlon, Leroy Merlin et autre magasin de bricolage sont des mines d’or (avec une touche d’imagination, des objets incroyables peuvent être créés).
Quelques conseils pour débuter le BDSM
- Lors d’une première rencontre, favorisez les lieux publics pour que ce soit safe. Evitez de jouer tout de suite, laissez V/vous le temps de faire connaissance mais aussi de ressentir si V/vous jugez la personne safe ou non.
- Ne donnez pas votre soumission à n’importe qui, elle est précieuse !
- Ne démarrez pas une relation D/s trop tôt, prenez le temps de V/vous connaître, de V/vous apprécier, d’expérimenter des choses ensemble pour voir si ça match vraiment !
- N’essayez pas d’être comme machin ou bidule, ça ne marchera pas, soyez juste V/vous et machin et bidule sont juste là pour V/vous apporter des informations intéressantes.
- Arrêtez de chercher la bible du BDSM ou le BDSM pour les nuls. Ça n’existe pas, le BDSM est une science humaine, il n’y a donc pas de vérité, juste différents courants et visions qui V/vous correspondront ou pas.
- Expérimentez, acceptez de commettre des erreurs, c’est comme ça qu’O/on apprend, n’attendez pas que tout soit parfaitement parfait pour faire, c’est impossible.
- Faite V/votre propre expérience, apprenez lors d’événements réels, et allez-y à V/votre rythme.
- Arrêtez de chercher le tuto pour manier les martinets, le fouet ou je ne sais quoi, prenez Votre matériel et entraînez-Vous sur un coussin, une chaise ou tout autre objet non vivant ! Vous verrez ça finira par venir.
- Si une pratique V/vous intéresse, demandez à une personne la maîtrisant de V/vous apprendre. Si il/elle est ok, faites ça irl pas via écran interposé et avec une personne que V/vous avez réellement vu jouer et pratiquer l’objet de l’apprentissage (d’où l’intérêt d’aller en soirée, tout ça, tout ça ^^).
- Arrêtez de chercher des mentors ou d’être l’apprenti de, c’est ridicule, juste discutez avec les gens et posez-leur des questions ça sera beaucoup plus simple.
- En tant que soumis.e, ne vous enfermez pas sur vous-même, échangez avec d’autres Dom ou sub d’autant plus si vous sentez le moindre problème dans votre relation.
- N’acceptez pas tout et n’importe quoi juste parce que la personne en face est un.e Dom.
- De manière générale, lisez, enrichissez-V/vous, cultivez V/votre univers fantasmatique et V/vos connaissances, car c’est comme ça que par la suite V/vous pourrez avoir de beaux moments de jeu.
- Ne V/vous prenez pas trop la tête à vouloir appliquer des choses à la lettre (sauf pour la sécurité ^^). Faites comme V/vous le sentez et prenez du plaisir !
- En termes de matériel, n’ayez pas honte d’avoir des choses très basiques au début ! Mieux vaut commencer sur du pas cher pour débuter et voir si ça plait puis investir petit à petit quand on voit qu’O/on accroche vraiment ☺️
- Lorsque V/vous débutez, ne V/vous positionnez pas en « sachant » (j’appelle « sachant », les gens qui savent tout et qui parlent de tout, sans expérience).
- Lorsque V/vous rencontrez des « sachants » (et ça va V/vous arriver), écoutez tout de même ce qu’ils disent (sans V/vous endormir et même si c’est chiant). Prenez ce qui V/vous intéresse et laissez tomber le reste (bon, ok, il va y avoir pas mal de choses à jeter).
Je sais que ces deux conseils sont très ironiques, ou du moins peuvent le paraître mais O/on ne se considère pas comme des « sachants ». O/on essaye au mieux de V/vous raconter ce que l’O/on vit, après, si V/vous y trouvez des réponses à vos questionnements, tant mieux.
- N’oubliez pas qu’O/on en apprend toujours, il y aura toujours quelqu’un qui aura plus d’expérience que V/vous et qui maîtrisera son sujet sur le bout des doigts. Donc, gardez la tête sur les épaules.
- Prenez votre temps (dans le sens aller à votre rythme, le BDSM est comme la vie, ce n’est pas un sprint).
- Ne V/vous dirigez pas vers le BDSM comme outil thérapeutique. Croyez-en N/notre expérience, la relation est plus fluide et le jeu plus clair lorsque avant de rentrer dans ce type de relation, O/on est aligné, O/on a fait la paix avec ses problématiques personnelles et ses insécurités. Selon N/nous, O/on ne rentre pas dans le BDSM pour régler un problème mais plutôt pour sublimer une envie. Bien entendu, le BDSM peut par la suite permettre d’évoluer sur de multiples points (la confiance en soi, l’acceptation de soi etc…) mais c’est plus un bonus qu’une recherche première.
- Le petit dernier, faites preuve de bon sens et écoutez votre intuition (car si il y a un doute c’est qu’il n’y a pas de doute), pour un peu tout.